Au Burkina Faso, la colère gronde dans la rue et les casernes depuis l’attaque du poste de gendarmerie d’Inata, dans le nord du pays, survenue dimanche 14 novembre. Menée, selon des sources sécuritaires, par les combattants d’Ansaroul Islam, un groupe terroriste proche du Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida), elle a fait 53 morts – 49 gendarmes et 4 civils – selon un bilan revu à la hausse mercredi par le gouvernement burkinabé. Il pourrait encore s’alourdir alors qu’une cinquantaine d’hommes manquaient encore à l’appel jeudi.
Depuis le début de l’expansion djihadiste au nord du Burkina Faso en 2016, jamais les forces de défense et de sécurité n’avaient été aussi meurtries. Mardi, des centaines de manifestants ont battu le pavé dans plusieurs villes du pays pour protester contre un gouvernement jugé incapable d’enrayer le terrorisme, certains allant jusqu’à réclamer le départ du président Roch Marc Christian Kaboré, au pouvoir depuis fin 2015 et réélu fin 2020.
L’armée française, présente au Burkina Faso à travers les forces spéciales de l’opération «Sabre», a également été la cible de protestations. Ainsi, dans la nuit du 17 au 18 novembre, des dizaines de Burkinabés ont bloqué pendant plusieurs heures un convoi de l’armée française de passage à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou.
Mais la colère est principalement dirigée contre les autorités. Six ans après le début des violences, « nous en sommes à plus de 2 000 morts, 1,5 million de déplacés, 4 000 écoles fermées, énumère Marcel Tankoano, cadre du Mouvement populaire Sauvons le Burkina Faso. Notre pays est en train de devenir un no man’s land. Nous en avons marre de nous faire massacrer sans que le gouvernement agisse. Nous l’avons interpellé, en vain. Aujourd’hui, nous sommes obligés d’appeler à la désobéissance civile ».