Economie

Stabilité des prix des denrées: Les vendeurs rassurent

En cette période de ramadan, les prix des denrées de base connaissent une relative stabilité au marché Tilène de Dakar. Vendeurs et clients témoignent d’un équilibre fragile, maintenu par des contrôles réguliers, mais menacée par d’éventuelles pénuries.

En ce début de journée du mardi 4 mars 2025, la rue 19 du marché Tilène est très animée. Il est difficile, pour les acheteurs et passants, de trouver le bon appui au milieu du dédale de légumes où les négociations, souvent, rythment l’ambiance des lieux calfeutrés tandis qu’un vent frais balaie les étals.

Les coudes plantés sur le bois moisi du comptoir de sa boutique aux étagères bien garnies, Mor Diop, un vendeur de denrées de première nécessité observe d’un œil attentif le flux de clients. Paniers en osier tressé ou sachets plastiques entre leurs mains, ils défilent dans les coursives étroites du marché, guidés par une odeur particulière mêlant épices, légumes mûrs et l’humidité persistante des lieux. Avec le mois de ramadan, période traditionnellement associée à une augmentation de la demande et, par conséquent, à une flambée des prix, d’aucuns craignent la hausse du coût des denrées. Mor Diop rassure ; il n’y a pas lieu, pour le moment, de s’inquiéter sur la volatilité des prix.

« Actuellement, il n’y a pas de hausse significative, les prix sont restés stables depuis la récente augmentation du prix de l’huile et du sucre. Cette situation nous permet de maintenir un équilibre pour nos clients, même en cette période de ramadan où la demande est plus forte », affirme le vendeur, ajoutant que le prix de l’oignon local a diminué.

Stabilité relative des prix

« Le sac qui coûtait 13.000 FCfa, il y a quelques semaines est maintenant disponible à 10.000 FCfa. Cette baisse est synonyme de soulagement pour les ménages, surtout en cette période où chaque économie compte », explique-t-il. Non loin de là, Amadou Sow, un autre vendeur fait le même constat. Derrière le comptoir de sa boutique donnant l’impression d’être dans un véritable capharnaüm, avec des piles de cartons qui tutoient le plafond, le gérant explique que les prix sont restés stables. « Pour le moment, les prix des denrées de base sont restés stables ; ce qui est une bonne nouvelle pour les clients surtout en cette période de ramadan où les dépenses augmentent. Nous respectons scrupuleusement les grilles tarifaires fixées par l’État, car il est essentiel de préserver un équilibre entre rentabilité et accessibilité pour les ménages. Cela permet à chacun de subvenir à ses besoins sans trop de difficultés », soutient-il, le cure-dent entre les lèvres.

Mariam Ndiaye, une fidèle cliente, confirme que les prix sont stables dans le marché local. Mère de trois enfants, elle souligne l’importance de cette situation, surtout pendant le ramadan. Mais, elle juge tout de même que l’État doit consentir plus d’efforts en allant dans le sens de la fixation et surtout de la réduction des prix. « En tant que mère, je dois gérer un budget serré, surtout pendant cette période où les dépenses augmentent. La stabilité relative des prix, notamment sur les denrées de base comme l’huile, le sucre et maintenant l’oignon, est un soulagement. Cela me permet de mieux planifier mes courses sans craindre des hausses imprévues », confie-t-elle.

Des contrôles routiniers pour assurer la stabilité 

Cette stabilité relative repose, selon elle, sur les contrôles réguliers que les agents effectuent de manière inopinée pour surveiller le respect des grilles tarifaires. « J’ai récemment vu des agents débarquer dans une boutique du marché pour vérifier les prix. Sans ces contrôles, les vendeurs auraient sans doute augmenté les prix des denrées », explique-t-elle. À l’en croire, ces interventions, parfois perçues comme intrusives, jouent un rôle crucial dans le maintien d’un équilibre économique. « Ces contrôles sont nécessaires pour protéger les consommateurs, surtout en période de forte demande comme le ramadan. Ils empêchent les abus et garantissent que les prix restent accessibles à tous. Si les contrôles se relâchent, les prix pourraient rapidement augmenter », prévient-elle.

Toutefois, certains vendeurs craignent une rupture de stock de l’oignon, avec notamment le gel des importations ainsi que pour le sucre. Cette situation pourrait menacer l’équilibre et remettre en question la stabilité des prix, soulignant ainsi la fragilité de ce système en dépit des mesures de contrôle. Au pas de la porte de sa boutique, jouxtée par une ribambelle de sacs disposés en vrac, Ousseynou Bèye s’affaire à mettre de l’ordre à sa devanture.

« Le gouvernement du Sénégal a décidé, il y a quelques semaines, de geler les importations d’oignon. Depuis lors, l’oignon local commence à manquer sur le marché. Je crains qu’il y ait une rupture des stocks précaires disponibles », confie-t-il. Nonobstant la stabilité des prix observée, l’ombre des pénuries plane sur le marché Tilène.

Les vendeurs redoutent une rupture des stocks de l’oignon local et du sucre, conséquence directe des restrictions d’importation. Si les contrôles réguliers ont permis de maintenir un équilibre précaire, la fragilité de cette situation rappelle que la stabilité des prix reste suspendue à un fil.

Pathé NIANG

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